Stratégies de désherbage graminées : quels sont les leviers ?

La pression sociétale s’intensifie sur le monde agricole. Comment produire plus, mieux en respectant les contraintes réglementaires et tout en gardant un intérêt économique pour les agriculteurs ?

Publication

Mar 2022

Pour atteindre ces nouveaux objectifs, les segments de marché fongicide et insecticide disposent des progrès de la génétique et de solutions de biocontrôle qui apportent une complémentarité par leur efficacité et leur utilisation grandissantes. Le désherbage doit jouer avec d’autres armes moins évidentes.

C’est avec les enjeux environnementaux (problématique eau), les cahiers des charges (HVE avec réduction de l’IFT), les restrictions d’usage de substances actives, les résistances et avec le couple sélectivité / efficacité que les stratégies de désherbage se réfléchissent et doivent faire preuve d’une grande adaptation. Ces contraintes poussent les agriculteurs à s’intéresser de plus en plus aux méthodes alternatives : le désherbage mécanique est la première solution qui s’impose. Ces dernières années, il a le vent en poupe et les constructeurs de matériels proposent aujourd’hui des outils performants.

Avant tout, dans la lutte contre les adventices, il est nécessaire d’activer tous les leviers agronomiques tout au long de la rotation (allongement des rotations, alternance des cultures, travail du sol, décalage de la date de semis). En curatif, d’autres alternatives comme l’écimage, la récupération et broyage des menues pailles, la pulvérisation localisée sont encore peu testées. Avec des investissements très importants, le pas est plus difficile à franchir. Les solutions chimiques (couplées au désherbage mécanique) restent les meilleures solutions pour garantir des parcelles propres.

Les objectifs du désherbage sont multiples :

  • Préserver le capital propreté des parcelles en limitant la concurrence des adventices avec la culture cible pour préserver le rendement l’année en cours et sur les campagnes suivantes ;
  • Préserver la qualité de récolte (PMG, PS, teneur en huile, pureté, …) ;
  • Eviter l’augmentation du stock semencier : la pression des adventices peut être exponentielle lors qu’elle est mal gérée ;
  • Eviter le développement des résistances et le développement de flore indésirable envahissante.

Aujourd’hui, c’est avec les solutions conventionnelles qui restent à disposition et le désherbage mécanique que les programmes s’adaptent avec pour objectifs de conserver des parcelles propres et anticiper / gérer les résistances principalement des graminées.

Il semble alors plus évident de déployer le désherbage mixte :

  • Au sein des cultures de printemps et sarclées : conditions climatiques plus adaptées (nombre de jours disponibles plus importants au printemps qu’à l’automne) et dispositif de semis propice au binage ;
  • Dans certaines cultures maraichères (avec plus fortes valeurs ajoutées) où des robots automnes semblent aptes à offrir des bonnes efficacités.

Néanmoins, le désherbage mixte tend à se développer aussi dans les cultures d’automne, avec des herses étrilles et houes rotatives. Les efficacités sont conditionnées par le nombre passages effectués, les conditions climatiques et par la mise en place de leviers chimiques adaptés. Cette méthode contraint les agriculteurs à surveiller davantage leur parcelle, les conditions climatiques et à être toujours prêts à intervenir.

En dehors de la gestion des adventices (sensibles et résistantes), le désherbage mécanique permet de favoriser la minéralisation, augmenter la vigueur de la culture et casser la croute de battance (lutte contre le ruissellement).

La réussite du désherbage de sa parcelle est aussi conditionnée par l’utilisation de solutions chimiques efficaces. Et, les contraintes réglementaires (parcelles drainées, réduction de grammage autorisés, restriction d’usage, DVP, …) poussent à optimiser l’utilisation des produits phytopharmaceutiques. Une gestion responsable des substances actives homologuées (métazachlore, S-métolachlore, prosulfocarbe, propyzamide…) est également au cœur des préoccupations des fournisseurs de produits phytopharmaceutiques.

  • Traiter en bonnes conditions : sur un sol frais et dont l’humidité s’est évaporée, lorsque la vitesse du vent est inférieure à 19 km/h ;
  • En salade, un seul traitement par année, soit 1 500 g/ha de propyzamide par campagne, de préférence sur un cycle de;
  • En colza, une seule application par campagne, soit 750 g/ha maximum de propyzamide par an. Traiter préférentiellement en novembre / décembre ;
  • Pour éviter le ruissellement, il ne faut pas appliquer le produit sur un sol saturé en eau ou trop sec, ou avant une pluie trop importante (> 20 mm).

Les mesures mises en place par les fournisseurs gardent pour objectif de conserver des parcelles propres. La pérennité de ces substances actives encore efficaces contre les graminées sensibles et résistantes est primordiale. L’ensemble des acteurs doivent se mobiliser pour respecter les mesures de gestion de certaines substances actives. Le respect de ces mesures aujourd’hui permet d’assurer le désherbage de demain.

Par Laurie Loillier.

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